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charlie hebdo - Page 2

  • " Que viennent-ils pleurnicher aujourd’hui sur la liberté de la presse...?"

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    En ces temps politiques d'union nationale et de tartufferies diverses.

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    Un article de Jean Ortiz, parut dans le Grand Soir :

    3992716853.pngQu’ont-ils fait pour éradiquer la Bête ?

    Charlie Hebdo. Je ne veux pas partager mon deuil et ma douleur avec eux (Suivi de : Dimanche : la manifestation « historique », « consensuelle » et les tireurs de ficelle)

     Les monstres qui ont commis ce crime inqualifiable au siège de Charlie Hebdo, l’hebdo insoumis, provocateur, antiraciste, humaniste (mais qui fut injuste envers ce site où j’écris* ), sont des hommes formatés par des courants religieux fascisants, par des Etats théocratiques « fondamentalistes », «amis de la France », pour faire taire l’esprit critique, l’humour, l’anticonformisme, la pensée libre, la laïcité, la création sans rivages... Ils n’ont aucune excuse.

    *Il s'agit du site Le Grand soir

     J’ai du mal à concevoir que des hommes aient pu à ce point s’aliéner, s’avilir, se fanatiser, se laisser manipuler, s’animaliser, pour produire une telle barbarie.

    Je suis en deuil. Le crime de ces assassins vise notre République, celle des Lumières, du contrat social, des droits de l’homme, de l’égalité entre eux, de la liberté pleine et entière... Cette « gueuse » que sociaux et néolibéraux n’ont de cesse, depuis plus de trente ans, de dépecer, de démonter, d’affaiblir par l’explosion des inégalités, le communautarisme, l’instrumentalisation du racisme, la concurrence à tout crin, par le rabougrissement de l’Etat, la multiplication des brisures sociales, la ruée contre les services publics et les biens communs, la casse de l’ascenseur social scolaire, jadis intégrateur, la pratique de l’amalgame délétère « Islam = terrorisme » , le « no future » pour des millions de jeunes Français, quelle que soit leur origine.

    Et on voudrait aujourd’hui que je défende, au nom de la douleur, ma République sociale et démocratique bras-dessus bras-dessous avec ses fossoyeurs, avec ceux qui, à force de déifier le marché, de le débrider toujours plus, de tout marchandiser, de dépolitiser, ont laissé le champ libre aux intégrismes de toutes sortes ?

    Oui, je crois à la nécessaire, à l’urgente unité populaire et républicaine, mais avec tous les Républicains sincères, tous ceux qui partagent ces valeur de base, la tolérance, l’ouverture à l’autre, la justice sociale, le débat sans corsets, la liberté sans demi-mesure, et notamment celle des médias ; oui, je crois à l’unité avec tous ceux qui défendent le pluralisme de l’information... pas avec les hypocrites qui pleurent aujourd’hui sur la République menacée et qui n’ont cessé d’attiser les haines raciales, les vieilles peurs, de stigmatiser l’autre, de détruire toute espérance progressiste...

    Qu’ont-ils fait pour éradiquer la Bête ?

    Que viennent-ils pleurnicher aujourd’hui sur la liberté de la presse alors que Charlie Hebdo était sur le point de déposer le bilan, que le pouvoir rend chaque jour la vie plus difficile, par des dispositions mortifères à « l’Humanité », au « Monde Diplomatique » ? De quelle liberté d’information parle-t-on ? De celle sous la coupe des marchands d’armes, des bétonneurs, des chiens de garde de l’oligarchie, du latifundium médiatique désinformateur, de la pensée unique et cynique.

    Oui, je crois à l’unité populaire et républicaine face à la barbarie, mais avec tous ceux qui consacrent beaucoup d’énergie à solidariser, à « faire pays » quand les autres l’atomisent, le livrent à la guerre de tous contre tous, le blessent, le défigurent, en font une jungle. Je me souviens que lorsque Charlie Hebdo nous gratifiait de quelques « unes » décapantes, les moralisateurs venaient faire la leçon à ces « dangereux agitateurs ».

    Alors, oui, je suis en deuil, je l’assume, je le revendique. Il y a danger, il faut se rassembler. Oui, j’ai mal, mais je ne veux pas partager ce deuil et cette douleur avec ceux qui ont contribué à créer le climat nauséabond et létal qui ronge notre pays depuis des années. Oui, l’islamisme, comme tous les intégrismes, est un danger. Mais qui arme et entraîne ces monstres ? Le Qatar, l’Arabie Saoudite, les Emirats, ces Etats voyous, extrémistes, obscurantistes, valets de l’impérialisme français, qui blanchissent les milliards sales dans des paradis fiscaux, garantissent aux multinationales occidentales une chasse gardée pétrolière, piétinent les droits de l’homme et des femmes, combattent les laïques et la gauche... Comment peut-on à la fois s’ériger en gendarme international contre les groupes terroristes, et livrer, par exemple, le Paris-Saint-Germain au Qatar ?

    Alors, oui, je manifesterai, le cœur et la colère gros, mais en prenant soin d’éviter les infréquentables. Je ne veux pas, je le redis, partager ce deuil et cette douleur avec eux.

    Jean Ortiz

     *

    Dimanche : la manifestation « historique », « consensuelle » et les tireurs de ficelle

    Tout ce que j’écrivais hier soir, à contre courant, sous le titre : « Je ne veux pas partager mon deuil et ma colère avec eux » s’avère de plus en plus fondé, justifié. La récupération politicienne de la douleur n’a guère attendu que le sang sèche...

    Quel est le statut de la manifestation « historique » de dimanche ? Qui sont les organisateurs ? Si l’on s’en tient aux médias, c’est F. Hollande et M. Valls qui l’organisent, qui invitent, dans un souci désintéressé d’ « unité nationale »... et nullement de remontée dans les sondages. La lutte contre le terrorisme, nécessaire, sert de prétexte à l’ « union sacrée », à la relégation des questions sociales, des causes et des ravages de la crise, des fruits pourris de la violence, du terrorisme, sert à l’abdication devant les inégalités, source d’affrontements, devant la pauvreté, l’exclusion, l’affaiblissement de la laïcité, l’obscurantisme, qui gagnent du terrain...

    Manifestement, le chef de l’Etat et le premier ministre font une OPA sur la manifestation, en instrumentalisant la douleur et l’émotion. Comment peut-on manifester pour défendre la République, aux côtés du néo-franquiste Mariano Rajoy, qui combat en Espagne le rétablissement de la République, qui fait une loi pour criminaliser les mouvements sociaux, qui s’accommode de 130 000 Républicains « disparus » dans des fosses communes, qui subventionne le parc thématique fasciste du « Valle de los Caidos » (Patrimonio real), qui s’en prend aux droits des femmes, qui contraint près de 50% des jeunes diplômés au chômage et à l’exil ? Lui offrir un vernis de défenseur de la démocratie, à quelques mois d’élections générales, où la gauche de gauche (Podemos, Izquierda Unida...) peut gagner, ce n’est pas aider l’alternative possible. Quant à la présence de Merkel, Cameron, Renzi, des sabreurs de l’Union Européenne, il faudra se boucher le nez et les oreilles. Oui, il y a « hold-up » sur l’indignation populaire contre la haine, la violence, l’intolérance...

    Jean Ortiz

    URL de cet article 27742 :
    http://www.legrandsoir.info/charlie-hebdo-je-ne-veux-pas-partager-mon-deuil-et-ma-douleur-avec-eux-suivi-de-dimanche-la-manifestation-historique.html
  • Philippe Val : liberté chérie

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    " Le journalisme contemporain râle dans l'air rance et fade des bibliothèques ou l'air empesté des coulisses, suçant la chair morte au flanc des cadavres illustres ou mangeant le fard sur la joue des actrices, criant avec les uns : "Vive Platon !" avec les autres : "Vive Siraudin !" les pédants portant dans leurs mains sales le flambeau des nécropoles, les chroniquailleurs écrivant à la lueur d'un quinquet de boui-boui !

    Nous venons dire, nous, que nous aimons le soleil et la vie ! Mais songez donc : c'est presque une révolution !

    Ils ne savent que tourner, comme des mouches, autour de ceux qui ont de l'encre aux doigts ou de la poudre de riz au cou : ils ne savent que faire des articles à propos d'articles, causer du grand siècle ou du petit Chose, commenter, copier, plagier, ou bien sculpter des mots comme des forçats cisèlent des noyaux de cerise, monter dans les maisons, écouter aux portes, recueillir la salive et filtrer le crachat des autres ! "

     

    Jules Vallès
    dans le journal La Rue

    RAPPEL

    En mai 2014, Philippe Val, ex-patron de Charlie-Hebdo et directeur d’une radio du service public français, donnait à voir sa conception du journalisme :

    " Le fait que le prix Pulitzer ait été attribué aux journalistes qui ont révélé l’affaire Snowden est le symbole de la crise de la presse car Snowden est un traître à la démocratie. "

    C'est dans la catégorie " service public " que le prix avait été attribué à l'édition américaine du Guardian et du Washington Post en avril 2014. Le jury honorait ainsi la publication des révélations sur le système de surveillance de l'Agence nationale de sécurité américaine (NSA), rendues possibles grâce aux documents fournis par Edward Snowden.

    > Pour Philippe Val, Snowden est un « traître à la démocratie » Pierre Haski - Rue 89

    > Philippe Val rencontre les amis du CRIF - CRIF

    *

    08/01/2015

    L'avez-vous vu Philippe Val, le "rebelle à but lucratif", invité à courir sur les ondes et à se poser sur les antennes après le massacre à Charlie-Hebdo ? Bien évidemment qu'il était ému d'avoir perdu des amis... Mais pour ce qui est de défendre la liberté d'expression et la liberté de la presse, aujourd'hui comme hier, nous nous passerons de lui.

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    2008 - En virant le dessinateur Siné de Charlie-Hebdo, pour antisémitisme supposé à l'endroit du mariage du fils Sarkosy  (lire la chronologie de l'affaire sur Télérama), Philippe Val, "héritier d’Albert Londres" et ami de longue date de Carla Bruni, portait un mauvais coup à la "liberté de la presse" dont il se fait toujours le défenseur  perpétuel.

    2009 - Frédéric Pommier, alors titulaire de la revue de presse sur France-Inter fut congédié par Philippe Val dans les deux heures qui suivirent sa prise de fonnction sur la radio de service public. Quel faute avait donc commis le journaliste ? "  le fait d’avoir cité Siné Hebdo dans la revue de presse. Philippe Val, à l’époque directeur (et actionnaire) de Charlie Hebdo, lui en avait vertement et devant témoins fait le reproche."

    Comme on pouvait le lire sur le site de  Là-bas si j'y suis

    " En dénonçant avec courage des figures nauséabondes  comme celle du dessinateur  Siné ou du journaliste Denis Robert, du dessinateur Lefred-Thouron ou du négationniste américain Noam Chomsky, Val a montré qu’il avait pleinement réussi à évoluer avec pragmatisme du côté du manche sans rien perdre de cette impertinence libertaire qui est la marque de fabrique de cet  homme de gauche.

    Puis ce fut autour de Stéphane Guillon, de Didier Porte, de Mezrahi et  de Dahan d'être virés de Frace-Inter. Quatre humoristes en cinq mois...

    Stéphane Guillon : Raison invoquée par Jean-Luc Hees, directeur de la chaîne : «l'humour ne doit pas être confisqué par de petits tyrans» 


    France Inter en burqa par franceinter

    Didier Porte : Il avait reçu un avertissement de sa direction à la suite d'une chronique intitulée " Villepin chie dans le bousin", et dans laquelle il mettait en scène l'ancien Premier ministre insultant le chef de l’État. Pour Didier Porte :  "Ce petit dérapage sur Villepin et Sarkozy reste un prétexte, ça fait dix ans que je fais des chroniques engagées."

    Gérald Dahan

    En octobre 2010, inculte.pngUne semaine après sa dernière chronique face à la garde des Sceaux Michèle Alliot-Marie, l'imitateur Gérald Dahan était viré. En imitant Patrick Timsit il avait épinglé la "République gang des barbares" et sa justice tout en comparant la multi-polyvalente ministre Alliot-Marie à un "bon petit soldat du gouvernement " et en lui épinglant en supplément gratuit la devise " à la botte un jour, à la botte toujours".

    Le cabinet de Michèle Alliot-Marie a précisé  qu'il n'avait fait aucune intervention auprès de la direction de France Inter. C'est tout à son honneur quant on relit  cet extrait de la chronique  :

    " En même temps, ce ne doit pas être facile d'être ministre de la Justice sous Sarkozy : je mets les crocs de boucher pour y pendre Villepin, étouffer l'affaire Woerth pour protéger l'UMP, organiser les arrangements avec Delanoë pour sauver le soldat Chirac. Votre quotidien ce n'est pas la Justice, c'est Le Parrain numéro 4".

    Pour Laurence Bloch, directrice adjointe de France Inter et bras droit de Philippe Val - lui-même sous les ordres de Jean-Luc Hees, l'explication tient en peu de mots :

    " On a cru en Gérald Dahan, on a beaucoup discuté avec lui…Et on a conclu que ce qu’il faisait était très mauvais. Certaines imitations ont été pathétiques, comme celles de Frédéric Mitterrand ou Xavier Bertrand. [...] L’argument politique est le cache-misère de la médiocrité. Certains critiquent le pouvoir, comme le comte de Bouderbala, François Morel, Ben ou Sophia Aram. Mais ces gens-là le font avec style et talent. "

    Lors d'un entretien avec le journal Sud-Ouest, à la question de Vincent Dewitte "Vous attendiez-vous à de telles conséquences après ce sketch  ? ", Gérald Dahan répondait :

    " MAM s'était décomposée sur place et en voyant la tête de Laurence Bloch, qui était présente ce jour-là en régie, je m'attendais à un recadrage ou un avertissement mais absolument pas à une rupture sèche.

    Le fait d'être convoqué 24 heures seulement après ma chronique ne laisse pas beaucoup de place au doute. Pour moi, cela prouve à ceux qui en doutaient encore que les dirigeants de France Inter ont le doigt sur la couture du pantalon et que l'on s'achemine vers une certaine forme d'autoritarisme. Ou tout du moins qu'on est dans un climat de peur des dirigeants politiques dont dépend le service public. Cette peur est tellement palpable que j'ai sincèrement l'impression qu'il y a une collusion entre France Inter et le pouvoir. Ou du moins une autocensure, et c'est peut-être pire."

    > "Gérald Dahan évoque collusion et censure" - Entretien avec Vincent Dewitte - Journal Sud-Ouest.

    Gérald Dahan en "Timsit"
    Franceinter. -


    Sarkozy : actionnaire de France Inter
    Par Stéphane Guillon avant...

     *

    >  Bête, méchant et hebdomadaire. Une histoire de « Charlie Hebdo » (1969-1982) par Mathias Reymond

    >  L’« affaire Siné » Antisémitisme : l’échec d’un chantage par Pierre Rimbert

    > STOP : Tract intersyndical

    > "Du rififi à France Inter : 22, v’là Philippe Val !" par Mathias Reymond -  Acrimed

    > "Pommier, le Val est dans le fruit" par Nicolas Beau - Bakchich

    >  L’obscurantisme beauf . À propos du tête-à-queue idéologique de Charlie Hebdo  par Mona Chollet 20 septembre 2012 - sur le site Les mots sont importants.